Karst, a renewable water resource in limestone rocks (Français)

étudiée au 19ème siècle pour son hydrologie et ses formes particulières, la région karstique de Slovénie est considérée la référence mondiale pour les paysages et les coulées souterraines dans les roches carbonatées, calcaires et dolomitiques. Le Karst est défini comme toute région du monde où ces roches ont une hydrographie essentiellement souterraine, constituée de cavités pouvant être pénétrées par l’homme., Ces tuyaux conduisent à des sources souvent spectaculaires utilisées depuis l’Antiquité pour l’approvisionnement en eau. Le Karst et les processus de sa genèse et de son évolution sont des aquifères avec des ressources et des réserves intéressantes à exploiter. Ses caractéristiques hydrogéologiques et son fonctionnement permettent de comprendre ses spécificités afin d’en tirer le meilleur parti sans surexploiter ses ressources.,

Le Karst, un milieu géologique important mais complexe

bien connu et décrit comme un paysage, le karst est une formation géologique établie dans des roches carbonatées, calcaires et dolomitiques. C’est avant tout un aquifère, une formation dans laquelle les eaux souterraines s’accumulent, circulent et émergent à des sources souvent importantes. C’est souvent un réservoir d’eau souterraine remarquable et très spécial.

Figure 1. Carte des aquifères karstiques en Europe., ]

À l’échelle mondiale, ces formations karstiques de couverture de 12 à 15% de la surface continentale. En France, ils occupent 35% de la surface du territoire, ce qui devrait les faire jouer un rôle majeur en termes de ressources en eau; l’extension des roches carbonatées sous d’autres formations géologiques nous amène à considérer que ces aquifères karstiques sont encore plus étendus. Ainsi, selon l’estimation la plus récente (Figure 1), près de 50% du territoire est affecté par des formations karstiques., Les aquifères karstiques contribuent à hauteur de 40% à l’approvisionnement total en eau potable (DWF) des Français. On estime qu’environ 25% de la population mondiale est alimentée en eau domestique à partir des eaux souterraines extraites du karst .

dans la plupart des aquifères, l’eau circule et s’accumule dans les vides originels de la roche: les pores ou discontinuités produites par les déformations., Les aquifères karstiques se distinguent d’eux par le fait que l’eau qui traverse ces vides d’origine en modifie profondément certains au point de créer des conduits et des cavités parfois pénétrables par l’homme. Cette transformation a lieu dans un court laps de temps à l’échelle géologique: quelques milliers à quelques dizaines de milliers d’années. Plus qu’un aquifère, le karst est donc un géosystème.

son intérêt économique ne se limite pas à la consommation d’eau potable; il est également utilisé pour l’irrigation et l’industrie., Il est également associé à un grand nombre de sources thermo-minérales. En outre, le karst est fréquemment le site de gisements de pétrole, y compris ceux de la plate-forme Arabe. Il peut également contenir des gisements Métalliques: Minerais d’aluminium (bauxite), de fer, de plomb et de zinc. Enfin, il pose régulièrement des problèmes lors de travaux de génie civil, notamment les barrages et leurs réservoirs.

cet article se limite à montrer ce qu’est le karst, comment il est mis en place, quelles sont les caractéristiques de la structure et du fonctionnement des aquifères qu’il forme, et enfin comment il peut être géré.,

Un paysage spécifique

Figure 2. Représentation synthétique d’un système karstique.

Le Karst est constitué de formes superficielles et souterraines résultant de la dissolution de roches carbonatées (calcaire, dolomite) par l’eau rendue acide par le dioxyde de carbone dans l’air du sol. Les vides ainsi créés permettent l’écoulement et le stockage des eaux souterraines., Cet ensemble de processus qui transforment une formation calcaire ou dolomitique simple en un massif karstique avec dolines, gouffres, grottes, rivière souterraine et source bien individualisée est appelé karstification (lire Focus 1: mécanismes de karstification).

comme le montrent le schéma de la Figure 2 et la photo et la Figure 3, le paysage karstique est marqué en surface par des dépressions fermées, allant de quelques mètres à plusieurs kilomètres, généralement marquées par des zones favorables à une absorption rapide de l’eau., Les plus petites de ces dépressions, appelées dolines (Figure 4), s’ouvrent parfois dans une grotte, un gouffre (ou grotte) qui absorbe rapidement l’eau de pluie. La plus grande de ces dépressions, les poljés, reçoit de grands volumes d’eau des rivières qui coulent sur un terrain imperméable. Les pertes, ou ponors, absorbent ces cours d’eau dans le calcaire et alimentent les sources. En aval des pertes, les vallées sont sèches la plupart du temps; leurs fonds sont marqués par des dépressions fermées, héritées d’anciennes pertes.

Figure 3., Causse de Blandas, Gorges de la Vis (Gard et Hérault).

lorsque la roche est nue, les fractures initiales apparaissent plus ou moins élargies, créant des vagues, des pics, des couloirs ou simplement des sillons plus ou moins profonds: c’est le lapiaz, qui retient le sol et les sédiments fournis par le ruissellement, les précipitations et les vents. Lorsqu’une telle couverture sédimentaire se dépose de façon permanente, le lapiaz évolue vers des formes plus arrondies sous l’effet d’une dissolution mieux répartie.

Figure 4., Doline du Causse du Larzac (Hérault).

les karst sont aussi des sources spectaculaires, comme La Fontaine de Vaucluse ou la source du Loiret. Cette concentration en eau dans les vallées contraste avec la sécheresse apparente des massifs karstiques. Le système karstique est l’ensemble des zones de captage d’eau d’une source karstique, formées par les pertes d’alimentation en eau de ruissellement de surface et tous les affleurements calcaires où l’eau de précipitation s’infiltre., La position de la source est déterminée par le niveau de base du système, le point le plus bas de la formation de calcaire à l’affleurement. Il peut s’agir du contact avec la formation imperméable sous les calcaires; il s’agit le plus souvent du fond des vallées fluviales d’importance régionale.

le résultat d’une longue histoire géologique et climatique

une fois les canalisations créées pour drainer les eaux souterraines vers la source, le système karstique est soumis à des changements de conditions climatiques et géologiques, comme tous les hydrosystèmes., L’histoire géologique des continents est marquée par des changements permanents dans les lignes de base régionales. Cela peut être lié à un changement du niveau de la mer (par exemple, pendant les périodes glaciaires du Quaternaire, l’océan mondial était à 120 m sous le niveau actuel), ou aux mouvements imposés par la tectonique des plaques, tels que l’affaissement et la sur-réaction qui provoquent la formation de chaînes de montagnes et de bassins. Ces variations modifient les conditions extérieures en augmentant ou en diminuant la capacité des écoulements souterrains à créer un réseau de conduits, connu sous le nom de potentiel de Karstification ou KP (lire Focus 1:les mécanismes de karstification).,

la sur-réaction produit un abaissement du niveau de base et une augmentation du KP qui permet la création d’un nouveau réseau de canalisations, l’ancien réseau étant abandonné au moins en partie et incorporé dans la zone d’infiltration: c’est ainsi que sont créées des grottes pouvant être pénétrées par l’homme. Les conséquences sont variées, selon la géométrie de la formation aquifère: capture de systèmes karstiques voisins, fragmentation en plusieurs systèmes, migration de la source vers une autre vallée, apparition de sources de débordement, etc.,, conduisant à un drainage plus complexe et donc au fonctionnement du système.

L’affaissement, quant à lui, provoque une élévation du niveau de base et une réduction du KP, produisant une inondation de la structure karstique par blocage voire colmatage. Les anciens réseaux de canalisations ainsi immergés (voir figure 2) confèrent à l’aquifère un comportement inertiel élevé car ils constituent des structures de stockage de plusieurs centaines de millions de m3.,

dans les zones côtières, une transgression marine due à l’élévation du niveau de la mer a un effet différent selon qu’elle s’accompagne ou non de dépôts de sédiments marins imperméables. Dans le premier cas, la situation est identique à celle des sédiments remplissant un bassin. Dans le second cas, en l’absence de sédimentation marine, les réseaux de canalisations menant à la mer permettent des échanges avec l’eau de mer. Ces échanges sont variables en fonction des relations de charge hydraulique (pression) entre l’eau douce dans l’aquifère et l’eau de mer., L’eau douce peut s’échapper de l’aquifère lorsque la charge hydraulique est élevée. L’eau de mer peut pénétrer dans l’aquifère lorsque la charge est faible.

en Effet, la différence de densité entre l’eau douce et l’eau de mer est le facteur prédominant dans les mouvements respectifs des deux fluides. En raison de la différence de densité entre l’eau douce (1,0) et l’eau salée (1,025 en moyenne), la colonne d’eau douce dans les tuyaux doit être suffisamment au-dessus du niveau de la mer pour pousser l’eau salée hors des tuyaux. L’aquifère rejette ensuite son eau douce dans la mer., Dès que cette charge diminue (pas de recharge ou de marée montante), l’eau de mer pénètre progressivement dans les canalisations des formes karstiques submergées et se mélange à l’eau douce: le rejet en mer est celui de l’eau saumâtre, dont la salinité augmente avec la diminution de la charge hydraulique dans l’aquifère. Ce mécanisme concerne également les sources côtières à terre, dont l’eau est saumâtre en raison de l’intrusion naturelle d’eau salée dans les canalisations; c’est le cas de la source de Fontestramar en Roussillon ., Cette intrusion naturelle d’eau de mer est évidemment aggravée par les prélèvements d’eau par pompage, à partir de forages à terre, même s’ils sont éloignés .

l’océan mondial a été soumis à des variations lentes et limitées du niveau de la mer; lors de la dernière glaciation, il est descendu puis a augmenté d’environ 120 m., Mais le bassin méditerranéen a été soumis à un événement géologique particulier, la crise de salinité messinienne, qui, par son ampleur, est à l’origine de la grande concentration de sources sous-marines d’origine karstique (Lire Focus 2: La Crise de salinité messinienne et ses conséquences sur le karst).

au-Dessus de tous un aquifère

Figure 5. Source de Clamouse, source de débordement inondé (Hérault).,

le karst est donc avant tout un système hydrologique aquifère, et pas seulement un paysage. Façonné en fonction des flux souterrains, avec des dépressions et des abysses fermés, lieux d’absorption préférentielle, le paysage de surface peut présenter des vestiges d’une organisation fluviale des flux passés, tels que des vallées sèches et des placages alluviaux. Cette organisation est progressivement démantelée au profit du trafic souterrain dans des fractures et des conduits de tailles variables.,

Comparé à d’autres aquifères karstiques possède les spécificités suivantes:

  • Un réseau de conduits qui mène aux sources. Les écoulements d’eau créent et modifient en permanence des vides, ce qui entraîne leur organisation en réseau de drainage, alimentant des sources souvent spectaculaires (Fontaine de Vaucluse, source du Lez, source du Loiret, etc.).
  • Sources à débits très variables (voir Figure 5)., Selon les saisons, le débit naturel de la source du Lez, par exemple, varie de quelques centaines de litres par seconde en basse mer à 30 m3/s en haute mer .
  • galeries lapidées accessibles à l’homme. Les dimensions et la forme de ces vides changent au fil du temps, au point qu’ils sont partiellement pénétrables. Les grottes (par exemple grotte Armand, gouffre de Padirac, grottes de Clamouse, des Demoiselles, de la Cocalière) sont d’anciens réseaux abandonnés, au moins en partie, par les écoulements souterrains.
  • circulations souterraines complexes., L’aquifère karstique se caractérise par une hétérogénéité considérable, tant en termes de taille de ses vides (de quelques micromètres à plusieurs kilomètres de longueur) qu’en termes de débits d’eau (de quelques dizaines de m par an à quelques km par heure).

l’aquifère karstique est donc beaucoup plus complexe que les aquifères poreux ou fracturés, tant dans la zone d’infiltration que dans la zone inondée.

4.1., Une zone d’infiltration privilégiée

à partir des dolines, des conduits verticaux plus ou moins larges se développent, tels que gouffres et avens, traversant la zone d’infiltration formant un système de « doline – puits” (Figure 3). Entre ces axes drainant l’eau directement et rapidement dans la zone inondée, les fissures de la roche sont plus ou moins élargies par un simple effet de détente mécanique, notamment sur les pentes des vallées, puis par l’action des racines des arbres, renforcées par la dissolution. C’est le domaine lapiaz (Figures 7 et 8).,

Figure 7. Puits traversant la lapiaz, Massif du Parmelan (Haute Savoie). Illustration des variations considérables des dimensions des vides et de l’existence du dispositif « doline – well” dans l’epikarst.

La perméabilité de cette proximité de la surface est alors augmentée par rapport à celle du plus profond de la roche. En conséquence, l’eau d’infiltration est localement retenue et constitue une zone saturée à faible profondeur, c’est-à-dire, une zone où tous les vides sont remplis et parcourus exclusivement par l’eau, tandis qu’au-dessus circule un mélange d’air et d’eau. Cette zone est discontinue car drainée latéralement par le système doline – puits. Il est également extrait par infiltration lente dans les fissures de la roche, alimentant les concrétions souterraines, y compris celles des grottes.

la Figure 8. Lapiaz du Massif du Parmelan (Haute-Savoie).,

cette « zone saturée perchée” fournit de l’eau pour l’évapotranspiration du couvert végétal souvent abondant, qui peut résister à une saison sèche prolongée. Cet aquifère est appelé épikarstique . Il était autrefois utilisé, comme en témoigne la capture de petites sources et de puits de réservoir abandonnés., C’est un lien entre les communautés de surface et souterraines: les animaux, tels que les microcrustacés, les coléoptères et plus généralement la faune du sol, vivant en surface colonisent et s’adaptent progressivement au milieu souterrain ; c’est aussi là que les populations souterraines trouvent leur nourriture en abondance. Le maintien de la végétation et de la couverture du sol et donc de la diversité biologique dépendent également fortement de ces aquifères épikarst. L’ensemble” lapiaz – doline – aquifère perché  » constitue l’épikarst., est donc soumise à plusieurs modalités d’écoulement:

  • infiltration retardée par stockage près de la surface dans l’épikarst, où l’eau est soumise à des processus biogéochimiques dans le sol (concentration par évapotranspiration des sels dissous issus des précipitations, échanges d’éléments dissous avec le complexe argilo-humique, production de CO2);
  • infiltration directe, rapide par le, responsable de la dissolution de la roche en profondeur;
  • une lente infiltration en deux phases, I.,e. Un mélange d’air et d’eau qui traverse les fines fissures et la porosité de la roche. Il dissout la roche carbonatée près de la surface et est responsable du transport du CO2 dissous et gazeux dans toute la zone d’infiltration;
  • infiltration concentrée et rapide, alimentée par des rivières coulant sur des terrains non karstiques, perdues au contact du calcaire (Figure 2).

ces différentes modalités d’infiltration contribuent à la recharge de la zone saturée, ou Karst noyé, dans des proportions variables dans l’espace et le temps.

4.2., Une zone noyée organisée autour du drainage et du stockage

Figure 9. Représentation schématique des systèmes auxiliaires de Drainage (SAD) et de leurs relations hydrauliques avec un conduit (drain).

le karst noyé présente une très grande hétérogénéité de perméabilité, avec des coefficients de perméabilité allant de 10-7 à 10-1 m/s. cette hétérogénéité n’est pas distribuée aléatoirement. , Il est organisé autour de conduits (voir Figures 4 et 5), axes à très haute perméabilité, dans un réseau hiérarchisé, de la même manière que les réseaux fluviaux. L’eau s’écoule entre ces drains et leur environnement où l’eau s’écoule moins rapidement et est stockée. Ce sont des zones de perméabilité inférieure, constituées de pores et de fissures dans la roche, dans ce qu’on appelle une « matrice” ou des « blocs de matrice”. Ce sont également de grands vides karstiques, constituant des réservoirs élémentaires, indépendants les uns des autres. A. Mangin a qualifié ces réservoirs de systèmes auxiliaires de Drainage (DAS).,

la Figure 10. La région karstique de l’aquifère.

comme le montre la Figure 9, les DSS sont des cavités créées dans la zone inondée à la base des axes d’infiltration rapide. Ils sont reliés aux conduits par des zones de drainage avec des chutes de pression élevées dues soit à la complexité des conduits, soit au fait que seule la fissuration d’origine assure la continuité hydraulique., Cette situation favorise des variations piézométriques de grande amplitude dans les DSS et les blocs raster, allant de plusieurs dizaines à quelques centaines de mètres entre la crue et les basses eaux, alors qu’elles sont beaucoup plus basses dans les canalisations. Les écoulements se produisent selon les relations de charge respectives, parfois des conduits vers les blocs DSS ou raster, parfois dans la direction opposée. Ainsi, le milieu karstique présente deux types de vides remplissant des fonctions hydrodynamiques différentes, le drainage et le stockage, dont Margin a proposé une représentation schématique (Figure 10).,

exploitation des eaux souterraines dans le karst

c’est autour des sources karstiques que certaines des grandes civilisations anciennes des régions méditerranéennes ont été créées et développées. Les grandes villes antiques du Moyen-Orient, de Grèce, de Rome et de leurs colonies se sont développées grâce à l’exploitation de sources karstiques: des sites tels que Baalbek, Damas, Tyr, Athènes, Rome, Carthage ou Nîmes ont rayonné à travers la collection de sources karstiques, d’aqueducs et de réseaux de distribution urbains . Ces opérations au fil de l’eau sont limitées par le faible débit d’eau., L’augmentation des besoins des villes est alors satisfaite par la recherche de nouvelles ressources et la réalisation de nouveaux aménagements, comme à Rome ou à Lyon, où de nouveaux Captages et aqueducs ont été construits.

les eaux karstiques ont ensuite été utilisées sans tenir compte des caractéristiques particulières du karst et sans se soucier de la qualité de l’eau ., Ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que les premiers spéléologues en France et en Autriche ont montré les relations entre les sources et certains abysses utilisés comme fosses communes, établissant le lien entre ces pollutions et certaines épidémies (diphtérie, typhoïde.). En France, des réglementations strictes ont marginalisé l’exploitation et l’étude des eaux souterraines karstiques. Ils ont poussé les communautés à leur préférer d’autres eaux souterraines et de surface.,

le karst était alors considéré comme un paysage désolé, constitué de quelques grands conduits en profondeur reliant directement les avens aux sources . La rivière souterraine du Bramabiau, issue de la ruée des eaux du bonheur dans le Causse de Camprieu, en bordure des Cévennes, a même été prise comme modèle de tous les écoulements souterrains du karst. Pour cette raison, les Causses ont été considérés en France comme la référence en termes de karst et pendant longtemps la qualification des urgences karstiques comme source a été refusée.

5.1., Un environnement particulièrement sensible aux activités humaines

les sols, généralement fins et discontinus, sont très sensibles à l’érosion. La déforestation, le pâturage ou les incendies favorisent l’érosion et la destruction du lapiaz, dont la disparition empêche alors la végétation de se rétablir. Ces paysages nus et secs résultant des actions humaines ne permettent pas la filtration naturelle de l’eau.,

de plus, de grands vides et des vitesses d’écoulement élevées sont à l’origine du transfert rapide, sans dilution ni filtration des polluants vers les sources. L’aquifère karstique est donc souvent considéré comme défavorable au captage d’eau potable pour l’approvisionnement en eau potable (WSP). Il est également difficile de prévoir des mesures de protection efficaces pour les bassins hydrographiques karstiques. Le principal obstacle est la grande taille des bassins hydrogéologiques nécessitant des études hydrogéologiques longues et coûteuses., La vulnérabilité du karst se déduit logiquement d’une série de caractéristiques défavorables, telles que des débits rapides, l’absence de filtration et d’auto-purification, des effets limités de dilution ou de dispersion.,apid élimination de la pollution accidentelle, en relation avec les temps de séjour courts des eaux souterraines,

  • effets retardateurs (adsorption, dispersion) qui sont généralement négligeables,
  • changement rapide de la qualité de l’eau à l’échelle du cycle hydrologique en raison de changements dans les rejets de pollution chroniques ou saisonniers,
  • Les principales raisons en sont les longues périodes de basses eaux pendant lesquelles l’eau est de bonne à excellente qualité, en raison de son débit lent, par opposition aux inondations qui peuvent être sujettes à une contamination bactériologique et/ou chimique et turbidité fréquente).,
  • une approche et une méthodologie ont été proposées pour l’établissement de périmètres de protection des bassins versants dans les régions karstiques. Des méthodes d’analyse multicritères sont maintenant appliquées pour caractériser la vulnérabilité des sources capturées. Les principaux critères considérés sont le sol et l’épikarst, les schémas d’infiltration et le degré de fonctionnalité du système de drainage. Ces méthodes proposent une analyse systématique du système karstique, divisé en petits maillages. Les cartes de vulnérabilité sont obtenues après pondération et combinaison de tous ces critères.,

    le traitement systématique des eaux imposé aux APE karstiques évite généralement les risques bactériologiques. Les risques chimiques, tels que les excès de nitrates, sont réduits car ils sont rares dans ces zones à faible pression anthropique, ou sans pollution cumulative, par élimination rapide lors des inondations. La turbidité, en revanche, est un problème récurrent, notamment en Normandie, dans la craie, ou lorsque l’aquifère est massivement alimenté par les pertes fluviales. Des systèmes de décantation et de filtration sont nécessaires., Une ressource alternative temporaire ou un captage par un forage situé à l’écart du conduit karstique peut être mis en place en attendant un retour à la normale.

    5.2. Approvisionnement en eau potable en quantité

    dans les pays méditerranéens, le karst est souvent la seule formation aquifère utilisable, bien que ses eaux soient parfois contaminées par l’intrusion naturelle d’eau de mer ou la pollution., Enfin, le karst est le plus souvent le seul et exclusif aquifère qui alimente les fleuves de ces régions: il joue un rôle essentiel dans de nombreux hydrosystèmes et doit donc être pris en compte dans l’exploitation et la protection des ressources en eau.

    Figure 11. Test de pompage haut débit, source du Cent-Fonts (Hérault).,

    les besoins croissants et les développements technologiques ont conduit à la nécessité de pomper les eaux souterraines à partir des sources elles-mêmes (Figure 11), si possible, ou par forage . Mais la distribution hétérogène des vides dans l’aquifère signifie que la probabilité qu’un puits atteigne une cavité est extrêmement faible. Il n’existe pas de méthode géophysique qui permettrait certainement de localiser une cavité à plus de 30 ou 40 m sous la surface , compte tenu de leurs petites dimensions relatives (quelques mètres, exceptionnellement quelques dizaines de mètres)., Le procédé de localisation magnétique permet de situer un conduit en dessous de 300 à 400 m, à condition qu’un opérateur puisse y pénétrer avec un émetteur assez puissant. C’est la méthode qui a été utilisée pour positionner le forage pour l’exploitation de la source du Lez à Montpellier . Dans d’autres cas, le relief est utilisé pour atteindre la zone noyée par des galeries, comme cela a été fait dans le Jura Suisse .,

    compte tenu de leur complexité et de leur diversité d’organisation et de fonctionnement et de leur étendue souvent importante, les aquifères karstiques nécessitent des études détaillées, basées sur une méthodologie multidisciplinaire spécifique. Les hydrogéologues disposent désormais des outils nécessaires pour caractériser leur fonctionnement, identifier les zones les plus productives et évaluer correctement leurs ressources et réserves .,

    il est alors possible d’exploiter en basse eau un débit supérieur au débit naturel, en puisant dans les réserves aquifères, qui sont reconstituées lors de la recharge en saison des pluies. Par rapport au stockage des eaux de surface dans des réservoirs artificiels, l’avantage de l’exploitation des eaux souterraines karstiques est qu’elles ne sont pas affectées par l’évaporation et, surtout, qu’elles sont beaucoup moins sensibles à la pollution. Mais, comme avec un réservoir artificiel, il est nécessaire de savoir évaluer les conditions d’approvisionnement (remplissage) et de vidange (déchargement)., Ainsi, la source du Lez, à Montpellier, a été captée, à la suite d’études menées par J. V. Avias et son équipe . Cette capture est considérée comme un modèle global. Les études montrent qu’une gestion rigoureuse, basée sur des connaissances détaillées et un réseau de mesures adapté, est durable et permet de limiter les effets des inondations majeures en aval. Enfin, la possibilité de reconstituer artificiellement les aquifères karstiques est maintenant envisagée dans le cadre d’une approche de gestion proactive des aquifères karstiques ,.,

    perspectives pour la gestion des ressources en eau

    les systèmes karstiques peuvent fournir des ressources et des approvisionnements en eaux souterraines considérables, facilement exploités à partir d’un seul site, qui peut être une source ou un puits à haut débit. Mais leurs aquifères sont très sensibles à la pollution, car ils ont généralement peu de protection filtrante naturelle et des effets dispersifs réduits., Cependant, en raison des débits rapides et des temps de séjour moyens qui sont souvent inférieurs à un an, ils se renouvellent beaucoup plus rapidement que les aquifères poreux et fracturés: ils conservent peu ou pas de mémoire des événements survenus dans les cycles hydrologiques précédents, tels que la sécheresse, la surexploitation temporaire ou la pollution accidentelle ou saisonnière. Enfin, ils peuvent être rechargés artificiellement par les entrées d’eau de la rivière.

    les hydrogéologues et les gestionnaires de ressources en eau disposent désormais d’une méthodologie efficace pour identifier toutes leurs caractéristiques et modèles pour les gérer., Le Karst doit être considéré comme un environnement géologique particulièrement intéressant dans la Politique de l’eau, offrant souvent des ressources et des réserves d’eau potable, des apports de sécheresse et des possibilités de lutte contre les inondations sans travaux hydrauliques majeurs.

    références et notes

    image de couverture. Source de Lison (Doubs)

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    selon la loi de Darcy, le débit D’eau d traversant une couche perméable D’épaisseur L et de section transversale A est proportionnel à la différence de pression DP, exprimée en hauteur D’eau DH, et inversement proportionnel à L, D = KA DH / L. K est le coefficient de perméabilité, également appelé conductivité hydraulique.

    Martel, E. A. (1925). Contamination géologique des eaux souterraines. Ann. Hygiène publique, industrielle et sociale, 1, 1-48.

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    Bakalowicz, M. (2005). Les eaux souterraines karstiques: un défi pour de nouvelles ressources. Hydrogéologie J. , 13, (1), 148-160.

    Bakalowicz, M. (2011)., Gestion des ressources en eaux souterraines karstiques. Dans: Karst de gestion, 263-282. P. E. van Beynen Ed., Springer.

    L’encyclopédie environnementale de L’environnement par L’Association des Encyclopédies de l’environnement et de l’énergie (www.a3e.fr), contractuellement liée à L’Université Grenoble Alpes et Grenoble INP, et parrainée par L’Académie des Sciences.

    pour citer cet article:BAKALOWICZ Michel (2021), Karst, une ressource en eau renouvelable dans les roches calcaires, Encyclopédie de l’environnement, url:https://www.encyclopedie-environnement.org/en/water/karst-renewable-water-resource-in-limestone-rocks/.,

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